Le végétarisme est un vrai sujet pour toute personne qui plonge dans l’univers du yoga. Est-on un mauvais yogi si on mange de la viande de temps en temps ? Ou faut-il être strictement végétarien pour gagner sa place au Samadhi ?
Vous comprendrez que ma question est purement rhétorique. On ne “gagne” pas sa place au Samadhi comme au paradis. Ca ne fonctionne pas comme ça dans le yoga, je ne vous apprends rien. Je faisais juste un peu d’humour 🙂
Revenons-en au sujet de cet article : le végétarisme et le yoga. J’ai été végétarienne pendant 4 ans et des broutilles, puis j’ai remangé un peu de viandes et de poisson occasionnellement car je me sentais plus équilibrée avec un régime plus flexible. Mais j’ai mis du temps à l’affirmer car je me sentais un peu jugée d’être professeur de yoga et de ne pas être végétarienne ou végan. J’avais peut-être moi-même du mal à l’accepter car j’avais ce préjugé ancré..
Aujourd’hui ça ne me pose plus aucun problème mais je trouve que c’est un sujet qui revient souvent et qui peut porter à complexe. Alors voilà quelques mots pour vous expliquer mon point de vue sur la question. Et pour étayer ma réflexion je vous parle philosophie du yoga.
Ahimsa
Ahimsa est un yama, c’est-à-dire un principe éthique qui permet au yogi d’être en harmonie avec ses semblables et la société. Il incite à ne pas nuire à autrui ou à notre environnement et il se pratique au quotidien. Comme tous les yamas, il demande un regard sur son propre comportement pour en ajuster les facettes qui pourraient être violentes d’une manière ou d’une autre. Parfois, nous ne sommes pas conscients de notre violence. L’orgueil, l’exubérance et l’individualisme de notre société induisent indirectement des formes de violence auxquelles nous sommes habitués.
Le yoga invite à prendre conscience de tout cela et réajuster ce que nous pouvons. L’alimentation fait partie de ces points d’ajustement. Adopter une alimentation ahimsa c’est choisir ses aliments en ne nuisant pas. Pour beaucoup ça signifie être végétarien car cela réduit la souffrance animale. Mais je trouve que ça va bien plus loin car le végétarisme est également un levier d’action pour réduire la pollution inhérente à la production alimentaire. Sans oublier les bienfaits sur l’organisme d’une alimentation riche en végétaux. Ainsi appliquer le principe de ahimsa sur l’alimentation c’est agir en faveur des animaux, de la planète mais aussi de soi-même.
Manger en conscience
Je crois que l’important est de choisir en conscience ce qui entre dans notre corps. La nourriture que l’on ingère, comme l’air que l’on respire, constitue l’essence de notre vitalité et de notre énergie. Manger des aliments qui nous font du bien me semble essentiel mais je pense que l’on se trompe souvent sur ce point. Bien souvent notre mental, entraîné par les modes, dont le végétarisme fait partie par exemple, et par les diktats de la société, biaise nos vrais besoins. Alors, au lieu de nous faire du bien, nous contraignons notre corps.
Combien de fois ai-je entendu des élèves ou amis m’annoncer qu’ils n’étaient plus végétariens car c’était trop dur de tenir lorsque la saison des barbecues arrive ? Et je dis cela sans jugement car j’ai moi-même tenu ce discours un jour. Sans parler de ceux qui ont attendu la carence avant de remanger de la viande, car qu’on le veuille ou non, être végétarien n’est pas forcément fait pour tous les organismes. Et j’en ai fait l’expérience également, puisque j’ai eu plusieurs anémies à cause ,entre autres, de mon régime végétarien. Non pas parce que je ne mangeais pas assez de légumineuses, légumes verts et autres sources de fer végétal mais tout simplement parce que l’organisme fixe moins bien le fer végétal que le fer héminique (provenant de sang). Chose que notre mental ne peut pas savoir, mais que notre corps sait. Le problème c’est qu’on ne l’écoute pas toujours.
Pour mois, le végétarisme n’a aucun lien avec l’accomplissement d’un yogi. Vous pourrez surement lire le contraire, mais ce n’est pas parce qu’on devient végétarien que l’on est pour autant un yogi accompli. Et l’inverse est également vrai, à mon sens.
Le corps s’il est écouté sait se tourner vers les aliments dont il a besoin pour se recharger et je crois que la vraie problématique est plutôt d’apprendre à écouter les messages de son enveloppe physique. Car elle est autonome et recherchera quoi qu’il arrive l’équilibre d’elle-même alors il faut lui faire confiance. La nature est délicieusement intelligente, on l’oublie trop souvent !
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